Marin Andrijašević, maître de conférence
Chef de Chaire de sémiologie au Département de linguistique
Faculté des Lettres de l'Université de Zagreb
 
Conférence pour les membres de
l'Association croate des boursiers du gouvernement français

A Zagreb, le mercredi 28 octobre 2009

Notre intervention portera sur les injures, c'est-à-dire sur le pourquoi du destinateur et sur le comment du destinataire au sein de l'acte de communication. Autrement dit, nous allons essayer de chercher à explorer l'intersubjectivité des locuteurs en la considérant comme transcendante aux attentes linguistiques.

Institution exemplaire et condition de toute institution, le langage apparaît d'un côté comme une réalité éminemment sociale qui assure la transmission et le renouvellement de notre culture. D'un autre côté, il se présente comme un agencement arbitraire d'éléments associés selon des rè gles qui semblent obéir à des principes abstraits, étrangers aux intérêts immédiats des hommes.

Les modeles de communication réduisent la communication à la transmission d'une information, d'un savoir entre l'émetteur et le récepteur, faisant de ces deux dernieres instances des lieux "vides", c'est-à-dire désémantisés. La réalité est tout autre : nous constatons que la communication est bien plus qu'un faire savoir; elle est en effet, toujours plus au moins tentative de manipulation de l'autre, donc du faire faire. Dans ce contexte, le plan de la manipulation est situé aussi bien au niveau de l'émission qu'à celui de la réception du savoir, auxquelles se superpose toujours la dimension de la persuasion (du côté de l'émetteur) et de l'interprétation (du côté du recepteur).

Ceci dit, l'objectivité du monde externe est transparente; par conséquent, elle est accessible à tous. La subjectivité de la communication, quant à elle, est opaque, inabordable de l'extérieur. A travers la communication, la langue maîtrise ses locuteurs, mais l'inverse se produit aussi. Spécialement quand il s'agit des injures.