Actualités Universitaires en France (conférence du 2 juin 2009)

L'enseignement supérieur français présente une dualité qui brouille son image à l'étranger, avec d'une part les Universités et d'autre part les Grandes Ecoles. Les premières sont ouvertes et ne sélectionnent pas en principe les bacheliers à l'entrée, ce qui n'est pas le cas des secondes qui sont accessibles seulement sur concours et sur dossier.
Cet ensemble rassemble environ 2.300.000 étudiants, dont un gros tiers provient des classes moins favorisées, un tiers des classes moyennes et un petit tiers des classes plus aisées. La féminisation a beaucoup progressé sauf en sciences et en écoles d'ingénieurs. L'horaire de travail est d'environ 28 heures de cours par semaine, mais peut aller jusqu'à 58 heures en Grandes Ecoles. Paris attire 15% de la population étudiante totale. Les étudiants provenant de l'étranger représentent plus de 10% du total (plus de 260.000) avec une explosion de leurs effectifs de 1998 à 2005. Un étudiant étranger sur deux vient d'un pays africain; arrivent ensuite l'Asie (avec une forte augmentation d'étudiants chinois, qui sont environ 20.000), puis l'Amérique Latine. Ce sont surtout les 3èmes cycles français qui sont attractifs (pour ceux qui viennent des pays en développement). La France passe pour former d'excellents ingénieurs, ses Ecoles de commerce sont bien cotées et la recherche en mathématiques est de haute qualité. Le droit, l'économie et la médecine sont des domaines où l'enseignement supérieur français se distingue également.
Les défis actuels à relever par l'enseignement supérieur sont connus: il s'agit de réorganiser le système universitaire autour de pôles d'excellence, comme aux Etats-Unis, en Grande Bretagne et en Allemagne. Ce qui préoccupe en France, ce sont les quelque 80.000 étudiants qui chaque année quittent l'Université sans diplôme.
Les réformes s'imposent, celles qui sont en cours suscitent l'opposition de certains milieux enseignants et de certains étudiants, sans que des alternatives soient proposées, l'activisme de certaines minorités parfois violentes ont conduit à la suspension des examens, au blocage des cours parfois depuis le début du second semestre de 2009 dans quelques universités.
Cela crée de graves problèmes de validation notamment pour les étudiants étrangers venus étudier en France, ce qui peut altérer l'image de l'Université française. La contestation est parfois confuse, les mécontents (mais pas tous) refusant l'autonomie des Universités, d'autres rejetant le changement de Statut des enseignants. L'augmentation des pouvoirs des Présidents d'Université et l'évaluation des enseignants, suscitent également des mécontentements.
Quoi qu'il en soit, la mise en concurrence, la rationalisation de la gestion des universités, la stimulation par l'émulation, sont inévitables: la globalisation et l'européisation y poussent et le conservatisme professionnel n'est plus de mise. L'Université reste la clé de l'emploi, les partenariats internationaux s'imposent, le développement de la recherche au sein d'équipes est une nécessité. Sans renoncer aux missions de l'Université, il faut tenir compte de l'état et des besoins du marché du travail: cela passe par l'information et une meilleure orientation des candidats à l'entrée à l'Université. Actuellement l'Université (à l'entrée) fonctionne sur le système de l'ultra-libéralisme, si décrié par ailleurs quand il s'agit de rejeter le modèle managérial. Plutôt qu'une médiocrité moyenne généralisée, l'Université française choisit l'excellence. Chacun comprend, depuis le fameux arrêt du 13 novembre 2003 Valentina Veri, rendu par la Cour de Justice de la Communauté Européenne, que le grand marché de l'enseignement supérieur est ouvert, et que la concurrence est devenue la règle. Il est impossible de ne pas en tenir compte.

Professeur émérite Marc Gjidara